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A l’origine composée de pâtissiers, la famille Cointreau avait ouvert une distillerie dans la ville d’Angers en 1849, soucieuse d’utiliser les fruits abondants de la région pour répondre à la demande croissante de liqueurs. Le renouveau du guignolet, une liqueur de cerise du XVIIe siècle, donne le coup d’envoi, et la famille fabrique bientôt plus de 50 produits différents. Retour sur les origines de la création du Cointreau avec Michael Juret .

Une recette inchangée depuis 1875

Edouard, le fils, a grandi à la distillerie et, à son retour de la guerre franco-prussienne en 1870, il eut une idée. Les consommateurs, a-t-il remarqué, ont été séduits par les arômes exotiques de l’orange, un fruit rare et recherché à l’époque. Mais, à son goût, les liqueurs de curaçao alors populaires étaient trop sucrées et tout simplement pas assez authentiques.

La mise au point de la recette du Cointreau a pris plusieurs années, mais la formule est restée la même depuis. Tout comme Edouard Cointreau en 1875, l’actuel maître distillateur Bernadette Langlais combine quatre ingrédients : alcool, eau, sucre et écorce d’orange.

Toute la spécificité de cet alcool vient de la peau d’orange utilisée. Elle provient de plusieurs pays : Brésil, Tunisie, Ghana, Espagne, Sénégal et Tunisie. La recette mélange aussi plusieurs variétés d’oranges : amères (Citrus Aurentium) et de sucrées (Citrus Sinensis).

En créant le Cointreau, Edouard a involontairement créé une toute nouvelle catégorie de liqueurs : la Triple Sec.

Le résultat portera donc le nom de Triple Sec en référence à la triple concentration d’arôme d’orange et à la relative sécheresse de la liqueur. Pourtant aujourd’hui, vous ne remarquerez aucune mention Triple Sec sur l’étiquette du Cointreau.

Un produit souvent imité, mais jamais égalé

Assaillie par des produits imitateurs bon marché, la famille a décidé au début du 20ème siècle de distinguer son produit en remplaçant l’appellation Triple Sec sur l’étiquette par le nom Cointreau. Cette reconnaissance précoce de la valeur de l’image de marque laisse entrevoir une autre clé du succès de la famille : un génie du marketing. Cette qualité imprègne l’histoire de Cointreau, de l’utilisation du personnage de Pierrot (1898-1950), à la toute première publicité au cinéma (produite par les frères Lumière en 1899) en passant par la commande de grands illustrateurs du XXe siècle comme Jean Mercier et Charles Loupot.

Les lignes classiques de la bouteille carrée, de couleur ambre, ont orné au fil des décennies les bars mobiles et les affiches publicitaires.

Le Cointreau, un ingrédient phare des cocktails

L’autre pierre angulaire de la réussite du Cointreau est sa présence dans les cocktails. D’abord commercialisée comme digestif, la marque a été référencée pour la première fois dans un livre de cocktails allemand à la fin des années 1800.

Mais c’est le boom des cocktails la prohibition aux États-Unis qui a assuré sa place dans les bars du monde entier : la recette White Lady de Harry MacElhone en 1919 ; le Side Car de Pat McGarry trois ans plus tard ; la naissance de la Margarita à Acapulco en 1948 ; et la création du Cosmopolitan en 1980.

Tous mettent en scène le Cointreau et tous ont contribué à assurer son succès à long terme : les ventes dépassent régulièrement le million de caisses par an. Aujourd’hui, la famille Cointreau a quitté le navire et l’entreprise a fusionné avec Rémy Martin en 1989 pour former Rémy Cointreau.